Une antique nation, autrefois l’unique dépositaire des volontés du Très haut, et gouvernée par la divine législation de Moïse, est dispersée depuis plus de dix-sept Siécles sur la surface du globe. En rapport avec tous les Peuples, elle ne se mêle avec aucun, et elle semble exister pour voir passer devant elle le torrent des siécles qui les entraîne. Un tel phénomene serait inexplicable, s’il ne tenait qu’à l’ordre politique, car il était moralement impossible que les Juifs pûssent longtems exister, malgré toutes les vicissitudes et les persecutions dont ils furent les victimes chez les différentes nations de la terre. Dans combien de proscriptions ne furent-ils pas envelloppés! Pour ne parler que de la France, qui ne sait les haines, les mépris, les outrages, les confiscations, les bannissemens, les supplices même qu’ils y ont endurés? rien de cruel, rien de deshonorant ne leur a été épargné; de sorte que l’on serait tenté de croire que nos aïeux ne les comptaient point au nombre des humains. En vain quelques orateurs éloquens s’élevèrent contre une si criante injustice, leur voix ne fut point entendue, et les infortunés Israelites paraissaient à jamais condamnés à l’avilissement et à l’opprobre. Un nouveau Cyrus a paru, mais il a fait pour eux plus que l’ancien. S’il n’a pas reconstruit leur temple, il leur a donné une patrie et des loix protectrices de leur culte et de leurs droits civils; en les rendant citoyens et membres de la grande nation, il leur a rendu l’honneur; en leur donnant des mœurs, il les a garantis pour jamais du mépris des ses peuples. Pénétrés de reconnaissance pour de si précieux bienfaits, les enfans d’Israel se sont prosternés au pied du trône du Grand Napoléon, et les filles de Sion ont fait retentir les voûtes des temples de ces cantiques célébres que répétaient les échos du Jourdain, lors qu’au retour de sa captivité le peuple Hébreu célébrait les miséricordes du Seigneur. La gratitude des Israëlites français ne s’est pas bornée à de simples démonstrations, ils prouvent chaque jour qu’ils sont dignes des faveurs du Souverain par leur attachement à son auguste personne et par leur soumission à ses loix.